Violence conjugale à Charleville-Mézières : le concubin condamné à un an d’emprisonnement

par René Ait Braham et Samuel Thioliére

Poursuivi pour violence conjugale, un Carolomacérien de 23 ans est condamné à 12 mois d’emprisonnement dont huit avec sursis probatoire de deux ans, assorti des obligations de soins, de ne plus se rendre au domicile de la victime, ni de la contacter. Cette peine est aggravée par la révocation totale d’un sursis de trois mois prononcé le 15 avril 2021 pour des faits similaires.

Mais Laye pourrait voir la partie ferme de sa condamnation muée en port de bracelet électronique. Un aménagement qui lui permettra de continuer à travailler pour s’occuper de ses deux enfants. C’est à eux qu’il pensait le plus, quand il a été présenté au tribunal correctionnel de Charleville-Mézières , en comparution immédiate, encadré dans le box des détenus par les fonctionnaires de l’administration pénitentiaire. Un endroit où il ne souhaitait pas se retrouver. Comme il y a deux ans environ, il a violemment frappé sa concubine. Quelle est la cause de ce nouveau… coup de sang ? L’exaspération, a-t-il expliqué aux juges. Le prévenu et sa compagne Léa ont deux enfants dont l’état de santé les préoccupe.

Ce souci crée souvent des disputes. Le 7 janvier dernier, une nouvelle algarade éclate. Estimant que l’absence peut éteindre la colère, Laye laisse seuls sa concubine et les deux enfants. Il part rejoindre un ami. Les deux hommes passent la soirée en discutant autour d’un verre. Vers 4 heures du matin, il revient au domicile, fatigué. Ne voulant pas réveiller les enfants et leur mère, il choisit de terminer sa nuit sur le canapé. Dans quelques heures il ira travailler. C’est à ce moment-là que celle avec qui il vit en concubinage depuis 2017 l’abreuverait de mots violents. La colère monte, les coups partent.

La concubine appelle sa sœur qui réside en dehors des Ardennes. Elle l’informe de ce qui se passe. C’est donc la sœur qui, de loin, contacte la police de Charleville-Mézières. Les fonctionnaires se rendent rapidement à l’adresse indiquée. Ils veulent entrer, Laye les en empêche. Ils redoublent de force et parviennent à ouvrir la porte. A l’intérieur de l’appartement, ils voient la dame éplorée, ensanglantée, constatent des traces de sang au mur et sur la couverture. La femme décrit la scène aux forces de l’ordre : “Il m’a frappée, m’a donné un crochet au niveau du menton”. Les policiers remarquent plusieurs hématomes au niveau du nez.

Dans ces conditions la cohabitation n’est plus possible. L’homme terminera la nuit au commissariat.

Aux juges, jeudi, Laye livre sa version : “Je ne voulais pas en arriver là. Je n’aime pas les disputes. Elle m’a poussé à bout. Et le coup est parti. Je suis vraiment désolé.” Ces explications n’ont eu que l’effet d’un verre d’eau sur un incendie. Alban Gesbert, le substitut du procureur de la République, voit rouge : “C’est une succession de coups que vous lui avez donnée. La constatation médicale a confirmé des hématomes qui contredisent vos déclarations. Elle a subi des violences. Vous avez déjà été condamné pour les mêmes faits. Vous êtes en état de récidive”.

Pour ces raisons, le représentant du ministère public demande au tribunal de le maintenir en détention, de révoquer totalement le sursis précédent, de lui retirer l’autorité parentale, de prononcer une peine de 12 mois dont huit avec sursis probatoire de deux ans comportant l’obligation de travailler, l’interdiction de se rendre au domicile de la victime, de la contacter par quelque moyen que ce soit. Léa n’était pas à l’audience.

L’avocat de la défense a de son côté demandé la clémence du tribunal pour Laye afin que ce dernier garde son travail et qu’il continue à s’occuper de ses deux enfants. “C’est un couple dépassé par les événements” a-t-il insisté.

Les juges ont tranché. Leur décision comporte en grande partie les réquisitions du substitut du procureur de la République.