Un homme devant le tribunal pour abus de confiance pour… avoir donné sa confiance à des escrocs

par Candide Blomme

Jean-Luc, 51 ans, comparaissait ce lundi pour abus de confiance et travail dissimulé devant le tribunal de Charleville-Mézières. Son tort, avoir été séduit par le projet innovant d’un chef d’entreprise peu scrupuleux et lui avoir fait confiance.

Tout commence le 23 août 2021 lorsqu’un homme dépose plainte contre son patron car il ne perçoit pas ses salaires. Recruté par la société Millfactory, située à Reims, sa déclaration d’embauche n’a jamais été faite à l’Urssaf. D’autres salariés déposent alors plainte à leur tour, contre la même société, et pour les mêmes raisons.

Jean-Luc, gérant de la société Millfactory, vient de se faire avoir. Deux ans auparavant, il rencontre Marcel, qui s’appelle en réalité Michael, et sa compagne Céline, tous deux renvoyés devant le tribunal également mais absents à l’audience. Et pour cause… En 2019, lorsqu’il rencontre « Marcel », ce dernier explique vouloir transformer des conteneurs maritimes en bars éphémères. Séduit par le projet, Jean-Luc se rapproche du couple d’entrepreneurs, gérants d’une société à Margut, Millboune.

Désireux de fermer la société Millfactory, qu’il décrit comme une coquille vide, pour se consacrer pleinement à sa seconde entreprise de terrassement, « Marcel » lui demande alors de ne pas la fermer, de changer son objet social, ses statuts et sa dénomination pour, dans le futur, ouvrir ensemble une société de transformation de conteneurs, lui promettant d’en être le directeur.

Jean-Luc s’exécute. « Marcel » va alors recruter du personnel, sur le compte de cette nouvelle société alors qu’il ne l’a pas encore rachetée, au nom de Jean-Luc, sans rien déclarer à l’Urssaf et en se gardant bien de rémunérer ses salariés.

« Marcel », signera dans le même temps un compromis de vente afin de racheter les locaux de la société Yvoisienne de location et occupera les lieux avant même son rachat officiel, vidant les locaux de toutes ses machines et câblages de système électrique pour les détruire, sans l’autorisation de son propriétaire.

Absent à l’audience, le couple d’escrocs ne semble pas en être à son coup d’essai puisque Michael, alias Marcel, compte 8 condamnations à son casier judiciaire, dont 6 pour le seul chef d’escroquerie, et était, au moment des faits, sous le coup d’une interdiction définitive de gérer une société.

Devant cet imbroglio, la substitut du Procureur a requis deux ans d’emprisonnement contre « Marcel, avec mandat d’arrêt, 12 mois d’emprisonnement avec sursis contre sa compagne Céline et 2 ans d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire contre Jean-Luc. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 27 novembre prochain.