Cour Criminelle : Frédéric Potdevin a-t-il agi en état de légitime défense en saisissant le couteau qui a blessé mortellement Nicolas Denis à La Houillère le 8 mai 2020 ?

par Candide Blomme

Ce mercredi s’ouvrait, devant la Cour Criminelle des Ardennes, le procès de Frédéric Potdevin, Carolomacérien de 39 ans, pour avoir, dans la nuit du 7 au 8 mai 2020, mortellement blessé Nicolas Denis, un homme de 37 ans, et grièvement blessé Francis Jacquet, 56 ans, de plusieurs coups de couteau.

Ce soir-là, alors que le confinement oblige la population à rester chez elle, les deux victimes, alcoolisées, se rendent au domicile du mis en cause avec, pour dessein, de régler leurs comptes avec Frédéric Potdevin, qui fournirait de la résine de cannabis au fils de Francis Jacquet. L’épouse de ce dernier expliquera d’ailleurs à son fils que les deux hommes « sont partis le défoncer ».

Peu avant 1h du matin, les deux victimes sonnent donc à la porte de l’accusé présumé et Nicolas Denis, 1,92m et 140 kg, saisit Frédéric Potdevin et lui porte une série de coups. L’accusé se saisit alors d’un couteau en céramique posé sur la table de la cuisine et opère des gestes circulaires, pour les repousser et les faire fuir. Les deux visiteurs sont touchés, grièvement blessés, mais parviennent à prendre le fuite et sortir de l’appartement.

Le fils de Nicolas Denis, alors âgé de 16 ans, se trouve dans le véhicule sur le côté de l’immeuble de 2 étages. Il estime que la visite de son père et Francis Jacquet « a duré 3 à 4 minutes ». Lorsque les deux victimes ressortent de chez Potdevin, Francis Jacquet se tient les bras, quant à son père, il pose une main sur le toit de la voiture et s’effondre, gravement touché à l’abdomen. Il décèdera plusieurs heures plus tard, au bloc opératoire, d’une hémorragie interne. Francis Jacquet est lui grièvement blessé aux mains et aux bras, et garde aujourd’hui une infirmité permanente.

Le premier policier arrivé sur les lieux, qui se trouve être le beau-frère de Nicolas Denis, expliquera lors de son audition en tant que témoin : « Mon beau-frère portait des gants de moto, rembourrés aux articulations. J’en ai déduit qu’il était venu pour se battre, qu’il venait en découdre ».

L’accusé présumé, lui, n’a jamais varié : « J’ai eu peur, je voulais juste que Nicolas Denis me lâche ».

Alors que le médecin légiste, le Docteur Olivier Boyer, revient sur la violence du coup de couteau ayant entraîné la mort de Nicolas Denis, l’avocat de la Défense, Maître Arthur De La Roche, lui demande : « Mon client est face à un individu imposant, un bon gaillard, qu’aurait-il dû faire ? ». « Je n’aurais pas aimé être à sa place » répond le légiste, en toute honnêteté.

Face au récit du déroulé des faits, aux rapports d’expertise et aux différents témoignages devant la Cour ce mercredi, l’état de légitime défense est sur toutes les lèvres et l’avocat de l’accusé présumé plaidera en ce sens ce vendredi.

Maître Arthur De La Roche, au micro de Radio 8

Cependant, un élément peut mettre à mal cette défense, car l’enquête révélera que Frédéric Potdevin avait été prévenu que les deux hommes arrivaient à son domicile par le fils de Francis Jacquet : « Apparemment, ils arrivent. Défonce-les, les deux ».

Frédéric Potdevin encourt aujourd’hui 20 ans de réclusion criminelle. Mais si la légitime défense était reconnue, il serait obligatoirement acquitté. Verdict, ce vendredi.